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samedi 31 décembre 2011

2011…… où l’on voit que le manque d’entrainement n’influe en rien sur les résultats et que notre héros ferait mieux d’arrêter de papoter avec tout le monde

... et ça se passe aux 100 Km de Millau...

samedi 24 septembre 2011

100 Km de Millau V


Ils sont tous là. Les Barons de la Trot. Ils sont venus des fins fonds de leurs terres.
Le Seigneur Dexter, le Mercenaire qui participe à tous les combats du moment qu’ils sont considérés comme perdus d’avance. Rien ne lui fait plus plaisir que d’être seul face à une meute enragée. C’est là qu’il est le meilleur. Le Baron Quiniou, Chef  vénéré du plus gros clan de trotteur du pays. Gargantua de la route. Quand il n’a pas de batailles à se mettre sous la dent, il les provoque invitant les clans venu du froid à des joutes sanguinaires !! Le Prince Deniaud, Duc de Bretagne de retour de sa campagne victorieuse en pays lointain. Campagne qui dura plusieurs mois et qui  est déjà dans la légende. Jean-Luc et Dame Anne qui viennent du comté de Quiniou. Les champs de batailles commencent à les voir régulièrement et leurs noms circulent de plus en plus dans les rangs des combattants. Thierry, Baron du Languedoc et  Comte de Saint Just. Il est le plus ancien de la troupe. Il a plus de batailles dans jambes que tous les autres réunis. Malheur à ceux qui ne le connaitrait pas. Puis des nouveaux venus tout aussi redoutables que les anciens. Ils commencent à écrire l’histoire de la Trot. Claudio qui lors de son dernier combat  terrassa ses opposants durant 24h !!, Fabricio qui hante les plaînes du Centre Nord et dont la seule évocation du nom fait fuir la plupart des adversaires. D’autres encore, des nouveaux combattants qui nous rejoignent et dont nous allons apprécier la vigueur. Il nous manque Luc, Seigneur du Verdon, pourfendeur des tribus Scandinaves. Le seul qui effraye  les Rois Nordiques. Accompagné de sa fidèle Amazone Krolette. Les Bonnie and Clyde de la Trot. Le couple infernal qui fait trembler des Hordes de L’Est. Il s’est blessé lors d’une bataille précédente.
Et moi votre humble narrateur. Je suis sur mes terres. Cette bataille là, je la mène depuis quatre ans. Au début nous n’étions que deux avec Thierry. Ce dernier ne m’a jamais lâché et nous fûmes rejoints peu à peu par les seigneurs des autres comtés. Maintenant les plus grands sont là et les hordes de centaines de milliers de mètres d’asphalte faces à nous tremblent déjà. Nous sommes à un contre cent milles, mais la peur n’est pas dans notre camp. Car en ce 24 Septembre de la onzième année du second millénaire, c’est nous qui lançon la charge. Place à la Saga.
Bon d’accord. J’arrête mes bêtises. Revenons à la réalité.
Marathon
Les trotteurs cette année sont au nombre de 14. Jan qui nous vient de Belgique, Dexter, Christophe, Claudio, Thierry, Fabricio, Bernard, Jean-Luc, Anne (sur le marathon), Fabrice, VwBob, Dave26, Gilles et moi.
Nous nous postons devant les coureurs à pied et après un décompte de la foule initié par Christophe (10-9-8, etc…) notre départ est donné.
La troupe se scinde immédiatement en deux. Les fusées devant, les tracteurs derrières. Parmi les premiers, Sébastien (Dexter), Christophe, Claudio, Thierry, Fabricio et Jan (le Belge).
Nous prenons nos marques. Mise en place des sensations, des gestes, rodage de la mécanique d’horlogerie qui va nous permettre de tenir les 100Km. Passage des 10Km en 34’. Je suis dans la moyenne des années précédentes. Avec ma troupe, nous allons faire le Marathon tranquillement. Nous évoluons par groupe de deux ou trois. Passage du semi en 1h16.
Distance
Vitesse Max
Roulage
Moyenne Roulage
Arrêts
Moyenne Globale
21 Km
38Km/h
1h13
17,6 Km/h
4’
16,7 Km/h
On se rattrape, on s’attend. Le groupe est plus ou moins homogène. Bernard, Anne, Jean-Luc, VwBob, Dave26, Fabrice, Gilles, telle est notre petite équipe. La température est idéale, il faisait même un peu frais au départ, on fait une belle ballade. La plupart sont des nouveaux, on en profite pour faire connaissance. Bernard nous raconte son « trip » de Dakar jusqu’à St Nazaire, puis de St Nazaire à Compostelle et Séville et ensuite Casablanca. Dans le genre longue distance, on est tous battus. On papote autour de nos différentes machines. Gilles possède une Footbike très particulière, c’est une copie « pirate » qui fut rachetée par la marque, repeinte et revendue. Toute une histoire la bécane. Fabrice est sur une Footbike Tout-terrain préparée pour la route. Pneus fins, guidon de Triathlon. Bernard sur une superbe BCS Evo dont le guidon est bricolé pour accueillir tout un bordel d’accessoires. Mélange de deux technologies présentes sur la planète : L’Occident avec son design et l’Afrique avec  le tendeur et le fil de fer ! On est plus dans l’esprit d’une  grosse randonnée que d’une course. Nous finissons le Marathon tous ensemble en 2H30. 

Distance
Vitesse Max
Roulage
Moyenne Roulage
Arrêts
Moyenne Globale
42 Km
54 Km/h
2h20
18 Km/h
11’
16,1 Km/h

Aller St Affrique
Tout le monde est content, ce fut une belle visite des gorges de la Jonte. Les choses sérieuses vont commencer, les fameux 900 mètres de dénivelé positif (et négatif)  apparaissant maintenant. Je me prends 10 bonnes minutes de repos/ravitaillement solide (roquefort, pâté, bananes, pain d’épice) avant de repartir. Bernard lui ne veut pas perdre son rythme et repars de suite. Gilles est épuisé mais voulant aller jusqu’au bout, il décide de prendre le temps nécessaire pour se remettre avant de repartir. On le laisse. J’ai un gros doute sur le fait qu’il reparte. Il a l’air mal en point. Anne ne faisant que le Marathon reste là. Elle prendra nos temps à l’arrivée. VwBob, Dave26, Fabrice, Jean-Luc  m’accompagnent et notre troupe part à l’assaut de St Affrique. On continue de papoter, on reste maintenant en ligne le long de la route genre cyclistes. On a le même rythme (un petit 18) et on pousse en rythme. Stratégie de groupe. La côte de Creissel. Celle avec le Viaduc au sommet. Je ne la présente plus. C’est ici que les premières crampes m’attendent. Elles seront au rendez vous… Je m’arrête dès le début et marche. Jean-Luc, Fabrice, VwBob et Dave26 me laisse et arrivent à pousser un peu. Je les vois s’éloigner vers le sommet petit à petit. Je suis obligé de m’arrêter régulièrement pour m’étirer. Les crampes arrivent puis passent, puis reviennent. J’en ai partout. Mais les étirements réguliers les maintiennent « à distance ». Le sommet : 3h20 au compteur. Jean-Luc et Fabrice sont déjà repartit. VwBob et Dave26 m’attendent. Ils arrêtent là. C’est leur première fois, ils ne veulent pas insister au-delà.
Je repars seul dans la grande descente vers St Georges. Les crampes sont calmées et je peux profiter de la vitesse (61 Km/h) pendant quelques minutes. La route est vide, je choisis mes trajectoires, un vrai plaisir. Pas tout à fais en fait car la route ayant été refaite (ou en cours de réfection je ne sais pas), elle possède des rainurages qui font que la bécane n’est absolument pas stable. Au début je cru qu’il ya avait du vent qui me poussait de coté. Un coup d’œil aux arbres, ils ne bougent pas !  C’est la route qui bouge. Vous voyez ces rainurages parfois sur les autoroutes où la voiture bouge latéralement lorsqu’on refait le bitume ? Là c’est pareil. Les roues passent d’une rainure à l’autre, la stabilité est disons « aléatoire ». Je tiens le guidon de toutes mes forces pour ne pas tomber. Pas tranquille à cette vitesse.
Je rejoins la grande route qui mène au bas de Tiergues. Plusieurs kilomètres monotones au faux plat montant (vivement le retour). Je rejoints Jean-Luc et Fabrice au prochain ravitaillement. Ce dernier n’est pas en place. On refait néanmoins le plein d’eau en les prévenant qu’ils ont intérêts de ce bouger, les premiers ne sont pas loin derrière. Nous repartons tous les trois. St Rome, dernier ravito avant la côte. Nous nous arrêtons et faisons le plein de solide. Pâté, roquefort, banane, chocolat, pain d’épice, œufs durs, je me gave et remet le niveau d’énergie à bloc. La grosse difficulté arrive. Jean-Luc repart seul. Fabrice et moi attaquons Tiergues ensemble en marchant. Les crampes sont là mais ne dégénèrent pas. Le fait de discuter fait penser à autre chose. Nous croisons Jan le Belge qui redescend. Un calcul rapide nous fait dire qu’il est sur une base de 5h !! Incroyable. Ce petit bonhomme souriant qui n’a l’air de rien est en train de foutre la pâtée à tous le monde. Nous sommes presque au sommet quand tout à coup derrière nous surgit le premier coureur à pied. Fabrice veut se mettre à pousser mais ne peut pas. « T’inquiète pas, laisse le passer, on l’aura dans la descente » lui dis je. Nous continuons en marchant tous les deux. Reposons nous, ca n’est pas terminé. Le sommet en 4h40. Nous remontons sur nos bécanes et reprenons notre poussée. Fabrice part devant moi. Il a bien récupéré et accélère, je le laisse partir. Il est plus lourd que moi, alors de toute façon dans la descente, je ne pourrais pas le rattraper. Il se cale sur son guidon de Triathlète et disparaît au loin. Je croise enfin nos champions sur le retour. Christophe en tête qui a l’air de souffrir « Ca va ? » « _Non ! » me lance t-il lorsque je le croise. Suivit de près par Dexter et Claudio (avec son éternel sourire en coin). Eux par contre ont l’air bien. J’attaque la descente à bloc allongé sur mon guidon. Je double le premier coureur avec un salut à mon copain de la voiture Chronos (coup de klaxon de sa part) Pas de rainures sur la route, mmmmh un régal (50/60 Km/h). Je vois au loin Thierry arrêté (THIERRY ARRETE ?). Freinage d’urgence. Qu’est ce qu’il se passe ? « J’ai mal au ventre, envie de gerber des douleurs atroce, je peux plus pousser, j’ai dû me tromper dans le dosage que j’ai dans le Camel Back. Du coup je peux plus boire. Ca va pas du tout !! ». Merde il est mal. Je lui passe une de mes gourdes (je tourne à l’eau pure). Je le laisse et repars. Je croise Fabricio dans la foulée, puis Bernard. Re-arrêt dans la descente. Papotage, « Ca va ? » « Ouais super ». Lui aussi a sont éternel sourire. Bon, il faudrait peut-être que j’arrête de discuter avec tout le monde moi. J’ai une course à faire mine de rien. J’arrive enfin à St Afrique en 5h00.

Distance
Vitesse Max
Roulage
Moyenne Roulage
Arrêts
Moyenne Globale
72 Km
61 Km/h
4h30
16 Km/h
34’
14,2 Km/h
Retour Millau
Passage au milieu des majorettes qui me font une haie d’honneur, merci les filles. Je leur dis que le premier est juste derrière moi. La tension monte, hé, hé, hé. Après ma recharge énergétique à base de … devinez quoi ? Pâté/Roquefort !! Bravo ! Je remonte vers Tiergues en marchant. Les crampes redémarrent et comme dans la montée de Creissel, je vais alterner marche et étirement. Dès le début je croise le premier coureur qui me redouble rapidement. « A tout à l’heure dans la descente » me lance le chauffeur de la voiture chrono. Gilles surgit, il est enfin là. Je n’y croyais pas, il a réussit à repartir. Il va le finir son Millau !! J’arrive à reprendre la poussée vers le sommet de la côte. La pente est moins rude. Je croise lentement  les 10 premiers coureurs les uns après les autres qui attaquent leur descente.
Sommet de Tiergues  5h45 à ma montre. Je suis bien fatigué mais la forme est quand même là. Fatigué mais pas épuisé.

Distance
Vitesse Max
Roulage
Moyenne Roulage
Arrêts
Moyenne Globale
78 Km
61 Km/h
5h10
15 Km/h
36’
13,5 Km/h 

 Je ne m’arrête pas au ravitaillement, j’attends celui d’après en bas de la côte. Je passe le 80Km en 5h55 pile. Je double mon ami le chrono sur roulettes avec un énorme « YEESSSS ! ». Gros coup de klaxon en réponse. A partir de maintenant et jusqu’à la fin je vais croiser la troupe de 4000 coureurs et leurs accompagnateurs. L’ambiance est festive. Je croise une connaissance en triporteur (il accompagne deux coureurs), salut quelques coureurs que je connais, puis d’autres comme : Obélix, un centurion romain, des bagnards, Goldorak…   Je reprends la longue route monotone  en faux plat descendant maintenant. Je tiens un 18/20 sans trop forcer. Bien sûr je pourrai m’arracher en prenant un bon 25 mais à quoi bon. Pour gagner 5’ à l’arrivée ? Et puis surtout il reste la côte de Creissel et j’ai de moins en moins la pêche. Les crampes sont là-bas en embuscades, elles m’attendent….   et  dès le début de la dite côte elles  me sautent dessus. Les fourbes, elles auraient pût attendre un peu !!

Distance
Vitesse Max
Roulage
Moyenne Roulage
Arrêts
Moyenne Globale
90 Km
61 Km/h
5h45
15,7 Km/h
39’
14,1 Km/h

C’est là que mon pote le grand maître du temps  me rattrape. Il reste en moment avec moi, on discute et il file lentement. Le premier arrive et me double. Quant à moi j’alterne toujours la marche et les étirements. Les crampes sont sympas, elles n’augmentent pas. J’arrive à les repousser. Je suis fatigué. Très fatigué, mais j’ai encore de l’énergie et le moral, alors ça va plutôt bien. Enfin le sommet. 7h dans les pattes …

Distance
Vitesse Max
Roulage
Moyenne Roulage
Arrêts
Moyenne Globale
93 Km
61 Km/h
6h15
15 Km/h
44’
13,4 Km/h

Je mets mon casque intégral et me prépare pour le « Run » final. La fin du périple est dans un gros quart d’heure. J’ai la barre des 7h30’ en vue. C’est faisable. Il me reste à battre mon record de vitesse. Et c’est ici que ca va se passer.73Km/h à battre. J’ai un petit doute quant à la réalisation de l’objectif, en effet un léger vent s’est levé, je l’aurai en face. Je me lance. Allongé en avant le torse sur le guidon, la tête par-dessus la roue avant. Ca file, ca file, de plus en plus vite. Je ne connais pas ma vitesse  mais c’est très rapide. Par rapport aux années précédentes, il y a beaucoup de monde dans la montée. Mais ma portion de route est dégagée. Je descends comme une fusée. Les coureurs et leurs accompagnateurs sont médusés, je vois du coin de l’œil les têtes qui me regardent bouche bée. Je dois être pas loin de 70. Je suis à bloc. Sensation extraordinaire de vitesse. Le vent siffle dans mon casque. J’espère que personne le long de la route ne va sortir de la file, je ne pourrai pas m’arrêter. Le « Run » ne dure que quelques courtes minutes dans la réalité mais dans ma tête c’est beaucoup plus long. L’esprit réagit plus vite et s’adapte à la vitesse. Le temps ralentit dans ma tête. J’anticipe les moindres faits et gestes des personnes au loin (anticiper : réflexe de motard), que je croise prêts à freiner ou sortir de ma trajectoire. Aucun défaut, je resterai ainsi, allongé sur ma potence jusqu’au bout. Je vois le rond point final. Les gens retournés qui me regardent interloqués. Je me relève, écrase les freins et « enquille » le rond point pour profiter de la vitesse acquisse et remonter de l’autre coté. Je regarde ma vitesse 64Km/h. Zut, saleté de vent… je croyais plus… Déçu. ..Mais pas par le ressenti de l’expérience. J’ai pris un grand pied. Voilà, il me reste 3 Km que je finis tranquillement. Je rejoints  mon copain, le chronomètre à quatre roues. On se salut, « à l’année prochaine » et je file vers l’arrivée. En slalomant dans les embouteillages de Millau je croise Thierry dans sa voiture qui rentre chez lui. Grands signes de la main, appels de phares et klaxons. Il a l’air d’aller mieux. En tout cas il a le sourire. Je passe la ligne d’arrivée en 7h20. Jean-Luc, Anne, Bernard et Nadine (sa femme)  m’attendent. Fabrice quant à lui est allé profiter des mains magiques des kinés. Je n’ai pas le temps de reprendre mes esprits que le premier coureur surgit  en 7h21’. Nous allons attendre Gilles qui finira en 8h45. Je n’y croyais pas. Je pensais qu’il craquerait et finirait à l’agonie. Bernard est même parti le chercher, il s’inquiétait lui aussi. En fait ce garçon est un malin et a géré sa course à l’économie. Grande connaissance de soi. Bravo. Ce mec est un sage. Qualité nécessaire aux coureurs de longues distances.
Quant à moi, je finis avant dernier de la troupe. Mais ce n’est pas moi qui est ralenti, ce sont les autres qui sont allés plus vite que d’habitude. Je garde donc le sourire. Je suis plutôt content. Je ne bats pas mon record, mais je finis dans ma fourchette de temps habituelle et sans avoir souffert ce qui est déjà une victoire sur ce genre d’épreuve. De plus la bande était sympa, alors quel que soit le résultat, la journée fut excellente.

Distance
Vitesse Max
Roulage
Moyenne Roulage
Arrêts
Moyenne Globale
100 Km
64 Km/h
6h35
15,3 Km/h
45’
13,7 Km/h