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samedi 26 septembre 2009

100Km de Millau 3ème


Nouveauté cette année, nous doublons le chiffre des participants dans la catégorie. Un mois avant la course, 6 TBikers ont confirmés leur présence. Florence, Christophe, Fabrice, Dexter, Jeff, Thierry (l’incontournable) et moi devrions être sur la ligne de départ. Ma préparation physique a été nulle cette année (comme d’hab ?) hormis des séances de musculation spécifiques pour les jambes (mes éternels problèmes de crampes).

Pour l’occasion, on me prête une FB Track. Un modèle léger qui devrait m’aider sur une très longue distance. La même que celle utilisée lors des Championnats du Monde VPH en 2006. Nous sommes le 26 Septembre.



Le Marathon

10h ! POUET !! C’est parti !! Nous nous lançons dans un sprint de départ sur plusieurs centaines de mètres histoire d’avoir une avance confortable. Nous avons 2100 coureurs aux trousses … Ceci étant fait, nous pouvons garder un rythme plus ou moins rapide sans avoir à angoisser et regarder trop souvent derrière nous. Nous poussons entre 15 et 20 km/h la première partie. Le 10km en 33’ (rapide pour un 100 !), le semi en 1h13’ (trop rapide aussi à mon goût). Le Marathon sera une belle ballade sportive. La route est toute à nous et nous commençons à prendre de la vitesse sur quelques descentes. Les quelques côtes sont poussées en pleine bourre. Il fait beau, par endroit un peu frais, température idéale. Nous profitons du paysage magnifique des Gorges de la Jonte. La rivière coule au bas de la route et au dessus les falaises nous dominent offrant leurs façades au soleil.  Ici c’est un des hauts lieux de l’escalade dans la région.  Je passe le semi en tête avec Thierry en sprintant la petite côte. Les trottinettes offrent le spectacle. Sept Footbikes ensemble, ça a de la gueule !!

Arrivée au Marathon en 2h36’. Le passage de la ligne se fera en sprint entre Dexter et moi. Comme quoi on en a encore dans les pattes !! Mais il nous manque Jeff. Introuvable. Florence et Fabrice qui était dernier nous ont rejoints sans le doubler.  Est-il passé dans la 15ème dimension ? Nous prévenons l’organisation qu’il nous rejoigne ou nous attende au choix.


Deuxième boucle

Après un bon ravitaillement, nous repartons pour la deuxième boucle. Le premier coureur vient de passer (en 2h45 au marathon !! et il part pour 60km de plus …). A la sortie de Millau, nous le doublons, il vient de craquer et s’est arrêté accroupis sur la route…

La côte de Creissel. Première grosse difficulté. Les deux dernières fois, c’est là où les crampes sont survenues et cette fois ci pas d’exception à la règle. Dès que je mets pied à terre, ça commence. Tous les autres sont loin devant. La dernière du groupe de tête (Florence) disparaît à l’horizon en marchant. Je me retrouve tout seul. La chaleur commence à s’installer. Il est presque 13h. J’atteints péniblement le sommet. Chrono : 3h. Le premier vient de me passer. En haut, personne de ma bande, ils ont dû foncer comme des fous dans la descente qui suit. Je m’y attelle et profite de la longue descente pour friser les 60 Km/h et reposer mes muscles. Allongé sur l’avant de la Trot, le vent siffle dans mon casque et je repasse le premier comme une flèche.

Je rejoins Dexter et Florence sur un ravitaillement. Nous sommes sur une large nationale déserte qui rejoint St Rome. Nous roulons de front tous les trois pendant plusieurs kilomètres. Je recommence à avoir mal à chaque poussée, mais je tiens le coup. On ne va pas trop vite. Dexter nous raconte l’Ultra Trail du Mont Blanc, le Marathon des sables. Je rappelle que ce mec « vaut » 1h37’ au marathon en trottinette !!

On attaque la célèbre et redoutable côte de Tiergues. Dexter file en poussant suivie par Florence qui met pied à terre. Je les vois au loin. Je pousse un peu mais rapidement je m’arrête et me met à marcher. Tout à coup, une douleur fulgurante me transperce la cuisse gauche. Une crampe monstrueuse, puis même chose à droite. Les adducteurs s’y mettent, puis les ischio. Ma jambe droite est bloquée je ne peux plus la plier. C’est horrible. Je ne peu pas bouger, j’ai trop mal. Même à l’arrêt j’ai l’impression que les muscles gonflent tellement qu’ils vont s’arracher de la jambe.

Accroupi sur le guidon de la trottinette, je pleure en serrant les dents. J’ai mal. Je ne peux plus bouger. Dieu que j’ai mal … La route est déserte, il fait une chaleur de plomb. J’enrage. J’ai l’énergie, le souffle, ce sont les muscles qui lâchent. Je ne sais pas si c’est de rage ou de souffrance que je pleure. Une voiture de gendarmerie arrive et s’arrête. Le gendarme sort et viens vers moi. « Monsieur, ça va ? » Je lève la tête « non, mais ça va passer, ce sont des crampes ». « Vous voulez pas venir avec nous ? » « Non, merci ça va aller, j’attend que ça passe, merci ». Il s’en va. Je prends un gel anti-crampes de plus, je bois, je m’arrose. Je me suis arrêté à l’ombre. Je pense à l’abandon. Après tout je pourrai faire demi-tour ici. Non, je serre les dents, je respire à fond et enclenche le processus mental : Je suis le plus fort ! Je passe outre la douleur. Je me donne un objectif. Le sommet de la côte. Je dois arriver au sommet. Si j’atteints le sommet à quatre pâtes et en souffrant le martyr, j’abandonne. Promis. Je n’irai pas plus loin. J’aviserai là haut. Je repars doucement, ça se calme. J’arrive finalement à marcher sans trop avoir mal. C’est étrange comme crampes. Elles vont et viennent. Montent en puissance puis repartent. Un coureur (le troisième) arrive seul derrière moi. J’ai beau être à l’agonie, je lui propose ma gourde d’eau qu’il accepte bien volontiers, sa femme qui le suit à vélo est loin derrière. « Je te la laisserai au bord de la route ». Il boit sans s’arrêter. Je récupère ma gourde et arrive enfin au ravitaillement du sommet. Les deux premiers concurrents sont déjà dans la descente. Je prends un coca et repars rapidement. J’ai 6 km de descente devant moi, je me reposerai en bas. Afin de calmer mes muscles je descends sans trop de recherche de vitesse. J’oscille entre 50 et 60 km/h pendant presque 10 minutes. J’essai de ne pas plier les jambes pour que les muscles ne soient pas sollicités outre mesures. Je croise Christophe et Fabrice qui sont presque au sommet puis Dexter, Thierry et Florence au bas de la côte. J’arrive enfin à St Affrique.



Le retour

St Affrique : 5h de course dans les pattes. Je refais le plein d’eau, prend un bon ravitaillement et  réattaque à la côte. D’emblée je me mets à marcher, la pente est trop dure. Je me suis préparé mentalement. Je sais que ça va durer près de 6 km et qu’avec mes crampes je cours un gros risque. Mais je compte sur le repos de la descente pour faire son effet. Je m’hydrate sans arrêt. Sur la nuque, les jambes. Je marche aussi en fonction. Doucement. 4 km/h au compteur. Les concurrents commencent à arriver en face. Je salut je coureur à qui j’ai passé ma gourde tout à l’heure. Sa femme est revenue. Grand signe de la main de sa part. Le pick-up d’ouverture arrive lentement à mon niveau. Le premier coureur pointe son nez. Le pick-up reste un petit moment avec moi, je discute avec les chauffeurs. Le fait de discuter de choses et d’autres me fait oublier mes jambes. Le premier me passe avec sa « cour ». Une dizaine de vélos sont avec lui. Il disparaît lentement au loin pendant que je continu à marcher lentement. La pente diminue et je tente une poussée, puis deux, puis trois. C’est reparti, je me relance enfin entre 10 et 12 km/h sans forcer sur mes muscles. Une sorte de poussée à l’économie. J’arrive à diminuer mon retard sur le premier. Je reviens lentement. Je finis par le dépasser lors d’un effort intense. J’en bave vraiment mais ma machine (le corps humain) fonctionne parfaitement. Je remonte à 15 km/h. Le sommet de la côte arrive enfin. 5h40’. Dès mon arrêt, les crampes reviennent. Je me repose un peu, tente des étirements mains cela ne sert à rien les muscles sont complètements étirés et endoloris. Chaque tentative d’étirement se solde par un déclenchement de crampes sur l’autre jambe. Mais je sais maintenant que les 15 prochains kilomètres seront en descente. Je vais reposer les muscles pour la dernière côte. Le premier viens de passer (avec un salut du pick-up J). Je descends la côte de Tiergues en me souvenant du moment que j’ai passé tout à l’heure. Maintenant il y a un monde fou. Ca monte, ça monte. Je redouble mon ami le pick-up « Je suis encore là !! » Rires des chauffeurs. Au bas de la côte je vois tout à coup Thierry assis au bord de la route, roue démontée, pneu dans la main, il a crevé à l’arrière. Il se bat avec une rustine qui a décidée de jouer les rebelles. Je décide de continuer et de l’attendre sous le viaduc. S’il ne peut pas me rejoindre, il m’appellera et je reviendrai le chercher en voiture. Je reprends la longue route monotone qui me mène en bas de la dernière difficulté. Je reprends ma marche forcée sous le soleil qui tape fort. Il est presque 17h. Je fais attention à la manière dont je marche et les crampes ne se déclenchent pas. Les quelques kilomètres passés sans trop pousser m’ont fait du bien.


7h de course. Sommet de la côte de Creissel sous le Viaduc. Je rejoints le groupe avec le premier concurrent qui me double juste avant le sommet. Ils m’attendent depuis un bon moment déjà. Dexter a déjà filé pour rejoindre l’arrivée. Il fait très chaud. Jeff a réapparu, il s’était perdu à un croisement pendant le marathon. Comme quoi je ne suis pas le seul à rater les virages (voir toutes les courses précédentes !!). Comme j’ai décidé d’attendre Thierry, je dis au groupe qu’ils peuvent filer vers l’arrivée. J’en profite pour me ravitailler et me reposer. Je reste là assis, un peu hagard en regardant les gens qui montent la côte en marchant. Ils sont seulement au 50ème kilomètre et il est 17h. Ils en ont autant à faire. Hallucinant. Thierry arrive au bout de dix minutes. Son pneu arrière se dégonfle sans arrêt il doit remettre de l’air tous le temps. Nous nous lançons dans la célèbre descendre des records. 1,2 km à 7% tout droit. Thierry, vu son pneu arrière ne préfère pas foncer, quant à moi, je passe à coté de deux cyclistes habillés façon tour de France (c’est fou comme les amateurs ont plus de sponsors sur leurs maillots que les vrai pros …). « Dis donc ton truc ça doit être plus facile en descente qu’en montée non ? » « Aouaip ! Asseyez de me rattraper pour voir !! » Je me cale le torse sur le guidon, la tête au dessus de la roue avant, les genoux coincent le cadre et je file dans la pente. Ils ne me rattraperont pas. 71,8 km/h, mon record n’est pas battu, mais j’ai eu une grosse montée d’adrénaline pendant quelques minutes. En effet la Fb Track est trop légère pour ce genre d’exercice. La stabilité n’était pas vraiment au rendez vous et la fourche droite entamait un guidonnage pas rassurant. Il m’a fallu serrer le guidon de toutes mes forces pour maintenir la machine en ligne.

J’attends Thierry au sommet de la petite côte qui suit et nous terminons les 5 derniers kilomètres doucement avec « arrêt-gonflette-pneu » nécessaire. L’entrée dans Millau est terrible, j’ai des crampes qui se déclenchent à chaque mouvement de jambe. C’est très douloureux. Je sais que je vais finir, mais impossible d’accélérer. Km99 nous apercevons au loin le pick-up d’ouverture de course. Quoi, serait-il possible de le rejoindre pour au moins finir avec le premier ? Nous accélérons un peu et finissons par arriver à la porte du parc en même temps que le premier concurrent. Pendant qu’il monte la grande allée où se trouve le finish, nous monterons une contre allée en parallèle. Pendant que nous poussons Thierry et moi côte à côte, je vois le gagnant entouré des enfants de l’école d’athlétisme qui monte vers sa victoire en même temps que nous. Nous passerons la ligne (fictive pour nous) en même temps. 7h50’ !!

Par rapport à l’an dernier, j’ai le même temps de roulage (6h50’). La différence se fait par les temps d’arrêts. Plus d’une heure cette année contre 45’ l’an dernier. Mais de toute manière je sais maintenant que je « vaut » 6h50’. Dans l’absolu, si je fonçais sans m’arrêter, je ferai ce temps. Le but de l’entraînement pour le futur sera de réduire les temps d’arrêts en conservant ces 6h50’. Me rapprocher des 7h. Dexter quant à lui pense que la barre des 5h est cassable … gulp !

Allez, à l’année prochaine …



Ps : Je me rendrais compte le lendemain en rangeant mon sac que j’avais avec moi une bombe anti-crevaison au cas où …. Dois-je le dire à Thierry au risque de me faire maudire ?

samedi 12 septembre 2009

Saint Mamert du Gard.


Un petit 12 kilomètres tout-terrain en trottinette roulant afin de se mettre en jambe pour Millau. Voyons voir où j’en suis physiquement.

D’abord, une chaleur suffocante. 31°C, soleil légèrement couvert. L’organisme va être mit à rude épreuve. D’autant que 12 Km, c’est plutôt court. Pas le temps de jouer à la gestion longue distance, ça va être explosif.

Et justement, ce le fut ….

170 coureurs présents pour cette première course. Quelques « pointures » dont un qui a finit 3ème au Triathlon d’Embrun. C’est dire le niveau. Gulp ! D’ailleurs on le voit au physique des coureurs. Sur les visages, la musculature, l’équipement, pas de frime : de l’efficacité, du brut, du terrible. Ils sont là pour tout arracher. Moi mon rôle sera d’ouvrir la course et si possible rester devant. Je dis bien si possible.

Le terrain est une petite boucle dans le village de 400 mètres, puis une grande boucle de 11,8 km dans la campagne. Le terrain est à 99% du large chemin forestier (une voiture y passe), 5% de goudron (Départ-arrivée). Pour l’occasion, c’est la Xh qui me servira de monture. L’arrière est en position basse puisque c’est roulant.

C’est parti. Posté quelques dizaines de mètres devant la meute je pars à fond. Derrière aussi, les premiers vont être très rapides, il me faut tenir la distance. Je profite de la première descente pour reprendre mon souffle après le sprint, mais un petit mur m’oblige à sauter de la machine et courir pour le passer, je resaute sur ma trot et repars en descente. La distance est maintenue. Je prends un peu d’avance. Nous voilà sur la terre. Le chemin est large, je peux pousser à mon aise. Je suis sur un bon rythme, mais le premier me remonte. Il court quasiment aussi vite que je pousse !! J’accélère pour maintenir mon avance quand arrive la première côte. Une longue montée impossible à poussée. Trop caillouteuse, trop pentue. Je mets pied à terre (bon en même temps, j’en ai toujours un de pied à terre …) et me met à courir. Et là … asphyxie !! L’air ne passe plus dans mes poumons. Le peu qui y passe est bouillant. Je suis dans un four. J’ai l’impression que le circuit de refroidissement est bloqué. Ma température interne est en train de grimper, le coup de chaud. Bon sang, ça n’est pas le moment !! Nous sommes à la 9ème minute. Vite je bois, je me verse de l’eau sur la nuque, le visage, je respire lentement et met  à marcher. Les coureurs me doublent, je sens que ça va mieux. L’alerte est passée. Au sommet après quelques minutes, je peux reprendre la poussée calmement. « Vas-y  passe cent bornard ! » me lance un coureur alors que je le double. J’ai mis mon tee-shirt des 100Km de Millau. Je suis reconnu par la famille des « cents-bornards ». En bas d’une petite descente où je reprends des places h Le premier ravitaillement. Je prends un coca et repars sur du plat. Je vais pousser tranquillement le temps que la forme revienne. Passage du Km5 en 18’.Je roule à l’allure des coureurs. Je suis avec le 4ème et le 5ème. Je les repasse jusqu’à la côte d’après où h  Rebelotte !! Là je ne cherche même pas à courir. Je marche à grand pas en m’hydratant. Le plat revient, je redouble ceux qui m’ont doublé dans la côte. On va jouer à ce petit jeu jusqu’au Km 8 c'est-à-dire au deuxième ravitaillement. Là je m’arrête une minute pour mon coca et manger un abricot sec. La dernière côte fut éprouvante sous la chaleur. Je vois passer quelques coureurs. Je repars pour le final. Une grande descente bien pentue surgit, je peux laisser aller la Xh et profiter du coté « Fun » de la glisse. La fourche fait merveilleusement son travail avalant les trous et les cailloux,  je reste concentré sur le pilotage,  ça va très vite. Je passe le Km10 en 38’. Tout le final est en profil descendant sur les chemins. Je prends enfin de la vitesse et peu doubler tous les concurrents qui m’ont passés lors du dernier ravitaillement. On entre dans le village où un mur m’attend. Au sommet la foule bien sûr. C’est la dernière difficulté. Normalement elle devrait être impoussable, du fait de la pente mais je suis chaud, on est sur le goudron, y a du public, en avant en sprint deux coups de chaque cotés, je la pousse à l’agonie pendant qu’un coureur me double …. Arrivé en haut je n’ai plus de poumons, mon cœur bat à 568 impulsions. Dernières descentes, je double le fourbe qui m’a passé dans le dernier mur et finit  en sprint h 43’40. Le premier est arrivé en 40’. Sans commentaires ….

Je suis séché ….