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samedi 5 août 2006

Championnats du monde des Véhicules à propulsion humaine à Allègre (43).

 

1er jour.
Le prologue. On part toutes les 30 ‘’ dans l’ordre des dossards (je suis le 56)
D+111m, D-292m, distance 12km, descente moyenne 1,6%
Vitesse maxi atteint 59km/h.. Temps : 19’40’’.
Chacun notre tour sur la ligne de départ, décomptage à partir de 10 secondes, 9, 8, … et top départ !!. Beaucoup de public au départ. Tout le monde cri dès que l’on s’élance. Je pars en courant les dix premiers mètres et après un virage en angle droit, la descente démarre. Je m’accroupi et je cale derrière le cadre en recherche de vitesse. On est sur une belle route totalement fermée à la circulation ce qui nous permet de choisir nos trajectoires dans les quelques virages. Pour info, 45 gendarmes nous sont affectés. C’est dire le sérieux de l’organisation. Le profil global est descendant avec quelques faux plats ou je me remet à pousser fort. J’arrive à pousser alors que le compteur marque 30 km/h. Pas mal de monde le long de la route qui applaudit et vous supporte.. Loic est parti juste avant moi. Je l’ai ainsi en ligne de mire. Mon objectif est de le reprendre. Pendant tout le trajet, je vais l’avoir devant moi au loin, ce qui me motive pour pousser, pousser, pousser tant que la vitesse me le permet. Le petit piège de ce parcours est une petite côte entre deux virage. Je la négocie en sprint. 2 coups de chaque coté à fond avec saut (« flying swap ») à chaque changement de jambe. Evidemment le public est massé sur cette côte. Ils apprécieront sûrement la technique. C’est peut-être dans cette portion que je rattrape Loic. Je vais continuer à pousser comment un fou jusqu’à l’arrivée qui est elle aussi en côte. 19’40’’. Je devance Loic d’une petite minute. Je suis épuisé mais heureux. On cherche le ravitaillement … rien. Contrairement aux randos ou courses régionales auxquelles je suis habitués, ici à peine un verre d’eau et encore il faut le demander. Heureusement que je pars toujours avec ce qu’il faut pour le cas ou je me perde. Sauf qu’exceptionnellement, j’ai tout oublié !! bou hou hou ….. Et puis au fait, comment on rentre ? Pas question de reprendre la route de la course à contre sens vu la vitesse à laquelle arrivent les bécanes. On nous indique une nationale qui nous ramène à Allègre en une vingtaine de bornes. En avant donc. On se tape toute la remontée du dénivelé perdu à l’aller sur une belle route ou les voitures nous doublent très vite. Pas agréable du tout comme sensation. Le vent de face nous accueille en haut d’un col, il fait vite froid. On enfile les blousons, brrr… La fatigue, le vent, la route monotone, c’est chiant. Arrêt bière dans un village à mi-chemin du retour. Ca c’est du ravito Môssieur !! Les 10 derniers kilomètres seront magnifiques dans une forêt déserte. Je rajouterai 1h30 de poussette non prévue pour l’après-midi. Anecdote : Dans la forêt, une voiture me double et s’arrête loin devant moi. En sort un type qui marche vers moi. Arrivé à portée de voix il me lance : »Vous voulez que je vous prenne jusqu’à Allègre ? » moi : « heuuu .. pardon ? » Lui « ???? A mais j’ai cru que c’était un vélo et que vous aviez cassé quelquechose » moi (grand sourire) : »mais que voulez vous que je casse sur cette machine ? ». Je m’arrête et on discute autour de la bécane.
2ème jour.
Matin, la montée impossible. Distance 1,1 km, dénivelé positif 90m, pente moyenne 7,3%, passages à 14-15%, virage à 16%, quelqu’un aurait même mesuré du 21% !!
La journée d’hier à laissée beaucoup des traces dans mes jambes. J’ai mal partout. J’angoisse pour cet après midi ou 36 km m’attendent. Quant à ce matin, cela devrait être rapide. Mais je commettrai une erreur, c’est de ne pas avoir reconnu le parcours. Si j’avais su … Tout le monde annonce une côte monstrueuse. Beaucoup de concurrents ne sont pas là se réservant pour l’après midi. Pas la peine de s’exploser ce matin. C’est le cas de Loic, le fourbe (mais il a bien raison)
Départ toutes les minutes par ordre de numéro. Comme hier, je pars en courant à fond, je cale pour profiter de la petite descente de départ et suite à un virage serré sur la droite, je me retrouve devant une énorme longue côte. Ce n’est pas encore le fameux mur annoncé. Celle-ci ne fait « que » 7%. Je me met à pousser mais très rapidement la machine n’a plus d’inertie à chaque poussée. Je pousse et le temps de la poussée d’après, elle s’arrête. Au bout de deux ou trois minutes, à bout de souffle, je me met à courir, enfin je tente parce que mes jambes ne suivent pas, mes poumons non plus, je suis au bord de l’asphyxie. Incroyable. Tant pis je marche à grand pas. C’est quand même difficile, même en marchant. Un concurrent me double au ralenti. Je passe les fameux virages en épingle ou le pourcentage serait de plus de 20%, c’est possible vu la pente. Je me dépêche sous les applaudissements, j’ai une nausée qui monte en moi, il ne manquerait plus que je vomisse devant tout le monde. Je ventile au maximum, mais j’ai du mal à reprendre mon souffle. Le sommet libérateur arrive, un petit plat se profile. Je saute sur la machine pour passer la ligne d’arrivée en poussant, un léger vent de face nous attend, histoire que l’on prenne pas trop de vitesse … Je passe la ligne en 6’26’’, je dois avoir le cardio à 450 pulsations…..J’ai dû mourir dans la montée, c’est mon fantôme qui a passé la ligne d’arrivée…. L’effort fût trop violent …
Je finis en 74ème position, il y en a beaucoup derrière moi.
Après midi : Critérium. Distance 4X18km mais j’ai prévu avec l’organisation de n’en faire que 36. De toute façon dès que le premier franchis la ligne d’arrivée, la course est stoppée et on finit notre tour. Cela correspond à mes deux tours. D+674m pour les deux tours.
Soyons honnête, vu mon état, est-ce bien raisonnables de se pourrir pendant deux heures de plus. Je n’arrive plus à marcher tellement j’ai mal. Loic est en forme, Olivier qui nous a rejoint hier soir participera en « pirate » sans dossard, puisque les inscriptions étaient closes. Il nous attend dans le premier virage juste après le départ et fera la course avec nous. On pars en ligne de 4 ou cinq dans l’ordre de classement du prologue. Nous somme donc dans les dernières lignes avec les coureurs qui n’ont pas couru le prologue et qui ne viennent que pour cette journée. Top c’est parti ! Je me faufile entre les vélos et double plein de monde. On se la joue F1. Le temps que les monstres démarre, nous on est super véloce sur les 100 premiers mètres. Je me venge de tous ces vélos qui vont nous passer plus tard à plus de 80 km/h. Dans la première descente, ça part très vite je suis à 52/54 km, les vélos doublent dans tous les sens, le pire c’est deux trikes qui me passent un à droite (avec une roue dans l’herbe) et un à gauche quasi en même temps. Celui de droite me fais une queue de poisson pour aller se mettre devant le gauche et l’empêcher de passer, le tout à 60 km/h au ras du sol. Douououcement me dis-je, je ralentis pour ne pas me retrouver dans un monumental badaboum, d’autres vélos arrivent à fond et un bouchon se forme à cette vitesse. J’étais pas tranquille. Finalement, ça se débloque et on attaque la longue côte. Loic pousse au loin, tandis que moi je met rapidement pied à terre. Olivier me rattrape. J’ai déjà mal aux muscles, j’ai peur des crampes, alors je reste raisonnable et je marche dans la côte au maximum. Je maintient un 7km/h. Olivier qui est déjà fatigué reste avec moi. Dès que la pente s’adoucit, on repars en poussant. La parcours va être vallonné dans les magnifiques forêt de Haute-Loire. Des petites côtes, de belles descentes, c’est superbe. On traverse deux villages ou la foule est massée le long de la route. A chaque passage, les gens vous applaudissent. Le premier tour se fera dans de bonnes conditions. Je roule avec deux vélos couchés et nous avons la même allure. Ils me prennent en descente, je les reprend en côte. Olivier est loin derrière mais je l’aperçois au détour de virages de temps en temps. Loic lui est trop loin devant. Je m’arrête faire le plein d’eau (il me faut gueuler pour en avoir…) au passage de la première boucle. 1h, j’ai un bon rythme. Je reprend tout seul cette fois ci la grande descente ou je peux à mon aise me mettre en recherche de vitesse. 62,4 km/h, j’ai mon record. Ca va vite en kickbike. Croyez moi. En bas de la côte, Oliver surgit. Il décide finalement de faire un deuxième tour, il est crevé mais tant pis il se le sent. Nous reprenons notre marche pour la côte, sauf qu’au moment de repartir au sommet, « crouic » les crampes. Oliver aussi. Là j’arrête un moment. Je bois, je calme, petit massage et on repart en marchant doucement, puis lentement, je repousse mais sans forcer. J’ai appris à les gérer depuis les 48km tout-terrain de Loché. Je vais avoir des débuts de crampes jusqu’à la fin. Donc ne pas forcer, tout doux, tout doux. Je marcherai beaucoup plus qu’au premier tour et ne pousserai que quand cela sera vraiment nécessaire. Malgré tout la fatigue est de plus en plus présente. Les vélos couchés me doublent maintenant régulièrement. J’ai vu passer les premiers : Impressionnants. Tous lèvent le pouce en me doublant et cris (prendre l’accent anglais) : « Respect !! ». Merci les gars. Je finirai sous les acclamations de la foule (ça remonte le moral) en 2h08’ à bout de force. Je suis épuisé. J’en ai les larmes qui me montent aux yeux de fatigue. Sur cette course j’ai puisé dans les réserves.
Résultat 1h49’ pour Loic et 2h08’ pour moi. Olivier arrivera en 2h15.


3éme jour (pour les survivants)
Lieu Piste d’aéroport de Loudes (43)
L’ambiance est très sympa. On pénètre sur l’aérodrome avec nos voitures et nous nous garons les uns à coté des autres le long d’une des pistes d’accès à la piste principale. Plus de deux cents véhicules alignés, avec pour chacun devant le ou les vélos en exposition. Cela fait une allée pour les visiteurs qui arrivent de plus en plus nombreux. Les stands sont à ciel ouvert. Ca visite, ca papote. A l’arrière des véhicules, les pilotes, mangent, se changent se reposent, ca discute aussi. A coté de moi, d’un coté un couple d’un cinquantaine d’année qui accompagne leur fils de 20 ans qui arpente les compètes de vélo couchés. Papa et maman assurent l’organisation et la vie du paddock pendant le petit (il a 20 ans quand même) fait sa compet. A ma gauche, deux allemands avec du super matos. A l’avant c’est exposition du matériel, à l’arrière, paddock privé. Les vélos font des aller-retour sur la piste principale qui va nous servir pour les prochains sprints. A l’entrée de l’aéroport sur une vaste zone dégagée, se trouve le salon des exposants ou quelques marques de vélos couchés sont présentent. Essais en tous genre pour le public. Beaucoup de monde, c’est la fête.. Appel de «Cherry» notre «chef de meute». Une anglaise énorme dont la largeur du sourire est équivalent à la portée de sa voix et son tour de taille impressionnant. Capable de faire taire en un seul hurlement 200 bonhommes qui papote sur leurs vélos. « All, the rideeeeeerrrrssss !! ». On raplique rapidement autour d’elle pour le briefing de la journée.
Matin : Sprint 2000m lancé. On a 1km pour se lancer, puis on passe sur une zone chronométrée de 200m de long. Deux tentatives par coureurs. Ma meilleure sera la première. 22’. Je ne serais pas dernier, puisque un rameur à roue est à un dixième de seconde derrière moi.
Après-midi, 1km départ arrêté. Mon temps : 2’11’’. Moyenne : 21km/h. Poussée maxi à 36km/h.
Au cumul général j’ai 161 points contre 54 pour Loic. Au général je suis 109ème et Loic 129ème sur 145 participants. Vive les Footbikes !!